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Libération

Cantonales 98. A quoi sert l'argent des départements? Les conseils généraux en brassent trois fois plus que les régions.

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publié le 26 février 1998 à 19h01

C'est le genre de cérémonie typiquement française. Ce 24 mars 1982,

dans tous les départements de l'Hexagone et d'outre-mer, les préfets en habit d'apparat transfèrent solennellement une partie de leurs pouvoirs aux présidents de conseils généraux. Près de deux cents ans après leur naissance dans les soubresauts de la Révolution française, et de par la volonté du ministre de l'Intérieur Gaston Defferre, les départements se dégagent de la tutelle préfectorale. Ils y acquièrent un poids politique nouveau, deviennent des puissances financières, se libèrent de l'administration d'Etat (1). Agencé jadis pour que le lieu de résidence du commissaire de la République dépêché par Paris ne soit jamais à plus d'une journée de cheval du point le plus éloigné de son territoire, le département avait été conçu comme un instrument du pouvoir central, en opposition à la vieille organisation provinciale. Au fil des ans, il est devenu la référence géographique et affective des Français. Du coup, en 1982, il survit naturellement aux lois de décentralisation ­ d'ailleurs François Mitterrand n'aurait pas permis qu'il en fût autrement. Celles-ci lui donnent une seconde jeunesse.

Les départements reçoivent alors en héritage l'action sociale ­ aides aux personnes âgées, aux handicapés, aux enfants en bas âge, à la famille, aux personnes en difficulté ­, les routes départementales (350 000 km sur l'ensemble du territoire, en gros la distance de la Terre à la Lune), la construction et l'équipement des co