Châlons-en-Champagne, envoyé spécial.
Elle avait ses taxis, elle a désormais ses voitures de location: la Marne, un paradis pour l'automobiliste, un enfer pour l'agent préfectoral... Chaque année, en novembre, le premier se réjouit de décorer le pare-brise de sa voiture d'une vignette: 278 F pour un véhicule de 5 à 7 cv, une misère quand le Cantal réclame 600 F ou le Vaucluse 588! Pendant ce temps, le second frôle l'infarctus devant l'afflux d'immatriculations de véhicules neufs: 184 500 l'année dernière contre 20 400 en 1995, époque bénie où les compagnies de location n'avaient pas encore déferlé. C'est le 1er janvier 1996 que Hertz, Europcar et Avis ont donné le signal de l'assaut. Depuis, 356 sociétés font immatriculer leurs voitures dans la Marne. Rien de plus simple, puisque pour obtenir une carte grise, il suffit de justifier d'une adresse dans le département et que, par définition, les loueurs ont des agences partout. «J'ai découvert avec effarement qu'il existait 3 800 sociétés de loueurs en France!», s'affole Raymond Latreuille, directeur de l'administration générale et de la réglementation à la préfecture. Tonnerre. De l'autre côté de la rue Carnot, au siège du conseil général, Albert Vecten se frotte les mains. A la tête du département depuis 1982, élu sénateur centriste l'année suivante, il ne s'imaginait pas décrocher le jackpot lorsqu'il décida de baisser le prix de la vignette. A l'automne 1988, la rumeur avait enflé dans les couloirs du conseil général: «Albe