C'est peut-être parce qu'il a passé l'essentiel de sa vie juché sur
un tracteur qu'Albert Vecten déteste la vignette. La carrure imposante, l'accent rocailleux et le bon sens paysan en bandoulière, il gère le conseil général de la Marne comme il affirme avoir géré «l'exploitation et l'argent du ménage», avec une philosphie de bougnat. «Un sou est un sou», répète à tout bout de champ cet ancien agriculteur de 72 ans. Se serrer la ceinture est une seconde nature: «J'ai eu neuf enfants...» Outre sa progéniture, Albert Vecten a trois passions: la betterave et la pomme de terre, qu'il a longtemps cultivées, et les économies, qu'il défriche de longue date. Sa carrière de vigie de l'argent public a débuté il y a 45 ans, à une douzaine de kilomètres de Reims. En 1953, il conquiert la mairie de Muizon, 286 habitants: «En 35 ans de mandat, j'ai amené la commune à 2 350 habitants, et tout ça sans faire de dettes! Parce que j'ai toujours agi avec l'argent des autres comme si c'était le mien.» Fort de quelques préceptes «rigueur», «modération» , il fait et refait des additions. Il y a quelques années, il a décidé que le conseil général verserait leurs indemnités aux élus au prorata de leur assiduité. «Je les fait pointer!, rigole-t-il. Mais je ne suis pas un monstre, je rembourse quand même les kilomètres...» Car le conseil général ne dispose d'aucun chauffeur et d'une seule voiture de fonction. Le «Président» n'a pas non plus de cabinet personnel. Et contrairement à beaucoup d'autr