Millau, envoyé spécial.
Au creux de la vallée du Tarn, les habitants de Millau rêvent plus que jamais de leur viaduc. Un pont haubané de 2,5 km de long posé sur sept piles, qui doit survoler à près de 300 mètres de haut la vallée pour relier le causse du Larzac au causse rouge du Tarn. C'est la «solution haute» imaginée en 1988 par les ingénieurs des routes pour réaliser le dernier chaînon manquant de l'autoroute A 75 reliant Clermont-Ferrand à Béziers. En juillet 1996, le projet de l'architecte Norman Foster a été retenu après un concours international. «Il fallait soit encombrer la vallée, soit encombrer le ciel», avait alors commenté un membre du jury. Et pour les Millavois, le ciel représentait la meilleure échappatoire. «Le viaduc? Il nous tarde qu'il soit fait. Ici, l'été, c'est la galère, c'est l'entonnoir à bouchons», se plaint Colette, une cantinière à la retraite.
Profil bas. Pourtant l'appel d'offre pour les travaux n'a toujours pas été lancé. Car le coût est à la démesure de sa conception. «C'est un gros coup, comme la Tour Eiffel. Un des ponts les plus hauts du monde. Une affaire de deux milliards. S'il faut un péage pour l'avoir le plus vite possible, c'est OK», déclare Jacques Godfrain, le maire RPR de la ville, qui ajoute: «les socialistes, les communistes et nous sommes tous pour le pont». Les Verts, pourtant antiviaduc depuis l'origine, ont adop-té un profil bas. Difficile de se retrouver en porte-à-faux face à la pression populaire et à leur cinquième plac