Arras, envoyé spécial.
Ils sont encore une vingtaine de chômeurs à occuper la maison des associations d'Arras. Ceux-là mêmes qui, début janvier, ont été évacués du siège des Assedic par les forces de l'ordre. La plupart, sans illusion sur les intentions du gouvernement, n'étaient pas informés de l'intervention du Premier ministre hier soir. En l'absence de Jean-Marie Honoret, le leader régional d'AC! (Agir contre le chômage!), parti soutenir une association de chômeurs à Bruxelles, c'est Frédéric Paul, responsable national du comité de chômeurs de la CGT qui a réuni les quelques familles présentes autour d'un modeste téléviseur noir et blanc. Avant même le début de l'interview, les plus jeunes chômeurs de l'assemblée s'étaient forgé leur opinion: «Ils ne veulent pas du RMI pour les jeunes de moins de 25 ans. Il n'y a rien pour nous», lâche, résigné, Christophe, un jeune de 24 ans sans aucun revenu.
Les premiers mots de Lionel Jospin suscitent quelques sarcasmes: «C'est bientôt les élections alors ça fait bien de donner quelque chose», s'exclame Malika. «L'aide, on en a besoin tout de suite, pas le 1er janvier 1999», réagit Frédéric Paul quand Jospin annonce le rattrapage rétroactif des minima sociaux. Mais c'est lorsqu'il confirme qu'il est opposé à la création d'un RMI pour les jeunes que l'association s'exprime avec le plus de virulence: «Merci Jospin, laisse-nous mourir en silence!» Le débat s'engage bien avant la fin de l'intervention: «Je ne peux pas lui faire confiance