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Libération

Jacques Bompard et madame, maires d'Orange. La gestion «à deux» de la ville divise la municipalité frontiste.

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publié le 28 février 1998 à 19h10

Orange, envoyé spécial.

Jeudi midi, le roi et la reine d'Orange déjeunent en terrasse. A la Saladerie des Princes, ça pue les gaz d'échappement, ils s'en fichent: ils s'aiment, et ils aiment le Front. Mais le Front les aime-t-il? C'est toute la question. Pour l'instant, Marie-Claude, 43 ans, se souvient, émue: «J'ai connu Jacques en 1973 au Front.» Elle est restée fidèle aux deux. Et elle rêvasse. «Mange, ma caille», interrompt Jacques, 55 ans. Puis, au visiteur: «Vous voyez, on est à l'aise. On n'a rien à cacher.» Ainsi vont les Bompard, en l'an III de leur règne à la mairie d'Orange (Vaucluse). Unis. Sereins. Marie-Claude veut parler. Jacques: «Laisse-moi faire un peu. Mange, mon lapin.»

Mais le lapin n'a plus faim. De nourritures terrestres. Parce que pour le reste, elle a de l'appétit: candidate aux régionales sur la liste de son mari, en position peut-être éligible, candidate simultanée aux cantonales, Marie-Claude est aussi de plus en plus présente, selon les méchantes langues, dans les affaires de la mairie, où elle n'est ni élue ni employée. Certains, au Front national, y voient du «népotisme». Quel toupet! Marie-Claude fait la tête, elle qui s'est tant sacrifiée. «Je ne suis pas venue au Front quand ça sentait la soupe bien cuite», dit-elle, et elle repousse son steak, intact. Jacques le chirurgien-dentiste le prend, l'attaque à pleines dents. Il dit d'elle: «C'est une militante qui a un niveau tout à fait supérieur. C'est pas moi qui l'ai fabriquée, hein! Ici, c'es