A ceux qui réclament que le retour de la croissance bénéficie en
priorité au pouvoir d'achat des consommateurs, Dominique Strauss-Kahn a opposé hier, à nouveau, une fin de non-recevoir. Il y a mis les formes, bien sûr: il est rare qu'un ministre des Finances annonce sans détour, en pleine campagne électorale, que les ceintures resteront serrées dans les années à venir.
DSK a donc promis que le soutien à la consommation et à l'emploi ne seraient pas oubliés. «Les fruits de la croissance, l'ensemble des salariés et des indépendants de ce pays vont les recueillir par le pouvoir d'achat», a-t-il dit à l'Assemblée nationale, en réponse à une question du député Henri Nallet (PS, Yonne). Ils seront aussi «recueillis toute l'année par tous ceux qui vont trouver un emploi grâce à cette croissance nouvelle», a-t-il ajouté. Voilà pour les formes.
Le message de fond est un peu différent. Il a été martelé à plusieurs reprises depuis quelques semaines (dans un article paru dans Libération, puis dimanche sur RTL): si le décollage de l'activité apporte une bouffée d'oxygène aux finances de l'Etat, comme ce sera sans doute le cas, l'argent ainsi dégagé servira avant tout à réduire les déficits publics: «Nous avons intérêt à retrouver des marges de manoeuvre pour le moment où la croissance sera moins forte et où on aura besoin d'un peu plus de déficit.»
Si le ministre tient tant à cadrer le débat sur le partage des revenus de la croissance, c'est qu'il a une idée en tête. Il veut commencer à inve