Beaufort, envoyée spéciale.

Les parents Buchot n'iront pas à la messe dimanche. Trop peur des regards. Nul ne sait s'ils se montreront au bureau de vote. Trop peur d'avoir à choisir entre Claude et Christian, leurs deux jumeaux. Buchot contre Buchot, c'est un possible second tour dans le canton de Beaufort, à quelques kilomètres de Lons-le-Saunier (Jura). Claude, candidat soutenu par le Parti socialiste et les Verts, contre Christian, candidat de la majorité départementale RPR-UDF. Chez les Buchot, la mère a coutume de dire, «la gauche, c'est des gens menteurs qui rigolent». Au dernier repas de famille, le 18 janvier, Claude ­ 42 ans, de gauche ­ annonce aux siens qu'il est candidat. «Comme un gamin, j'ai presque demandé la permission de me présenter.» «En indépendant, alors!», insistent ses parents effrayés. Quelques jours plus tard, il reçoit l'investiture du PS et des Verts. Foudres familiales au téléphone. «Vis-à-vis de mon frère et de ma famille, c'est tout un droit d'existence qu'il a fallu réclamer.» Le frère, Christian, n'a pas compris l'incursion de son double dans un domaine où la vie consent à lui sourire: «Ça m'a surpris, je ne pensais pas qu'il mènerait sa décision jusqu'au bout. Aux yeux de la famille, ça paraissait évident que je suis plus candidat que lui.» Car c'est lui qu'un jour de 1977, le conseil municipal de Maynal (le village où toute la famille vit depuis des générations) est venu chercher pour remplacer le père. Il a alors 22 ans. «C'était évident p