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Libération

«Ils pensent qu'à gagner de l'argent». Dans les cités d'Essonne où le FN progresse, les jeunes ne se sentent pas concernés.

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publié le 26 mars 1998 à 21h28

Aux Pyramides, le vote Front national ne passionne pas grand monde.

Dans cette cité du coeur d'Evry (Essonne), la plupart des adolescents évacuent la question. Depuis quelques années, leur quartier se forge une réputation inquiétante. Début mars, un jeune habitant a tué un adolescent des Tarterêts (Corbeil-Essonnes). Depuis, les Pyramides vivent sous un quadrillage renforcé de CRS. Mais le sentiment d'insécurité stagne, l'ennui progresse, le Front national aussi. Au second tour des cantonales, il a réuni plus de 30% des suffrages dans l'agglomération.

oeil pour oeil. «Pourquoi vous voulez qu'on s'intéresse à la politique, elle s'intéresse pas à nous.» Bruno, 17 ans, poursuit, «ils ont entassé nos parents là et nous, on a rien d'autre à faire qu'à tenir les murs. La maison de quartier est fermée depuis des mois, il n'y a plus rien. Les éducateurs, on les voit presque pas. Les politiques, jamais». Les associations peinent à mobiliser contre le Front et ses dangers. Brahim, 16 ans, réagit ainsi à l'hypothèse d'un FN au pouvoir: «Moi je m'en fous, c'est pas grave, j'ai ma carte d'identité française.» Un animateur d'un quartier voisin explique: «Ils ne veulent pas s'intéresser à la politique, ils ont peur d'être manipulés. Mais depuis les dernières élections, j'essaie d'expliquer aux jeunes de la cité où je travaille que le vote du Front national les concerne, que leurs conneries font peur aux gens. Eux, ils pensent que ce sont les petits-bourgeois qui votent pour les fachos.»

A Evr