Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur de la gauche
plurielle, reprend ces temps-ci les accents qu'affectionnaient ses deux prédécesseurs RPR, Charles Pasqua et Jean-Louis Debré. D'ailleurs, mardi, les bancs de la droite de l'Assemblée nationale l'ont ovationné quand il a stigmatisé «les fauteurs de trouble» à «l'incivisme fondamental», coupables d'avoir empêché ce week-end l'expulsion de 16 sans-papiers maliens à l'aéroport de Roissy. Hier, comme pour mieux souligner qu'il ne s'agissait pas d'un moment d'égarement, il a remis le couvert. A la sortie du Conseil des ministres, il s'en est pris aux «petits groupes d'extrême gauche, souvent d'ailleurs instrumentés par des formations étrangères» le ministre de l'intérieur vise l'association les Jeunes contre le racisme en Europe, ndlr , qui «font le jeu des thèses véhiculées par l'extrême droite» et qui, «par leur comportement totalement irresponsable, bafouent la loi».
Joignant le geste à la parole ministérielle, les forces de l'ordre ont arrêté hier des militants et deux photographes de presse dans l'enceinte de l'aéroport Charles-de-Gaulle. Diane Grimonet et Francine Bajande, qui travaillaient respectivement pour Libération et l'Humanité, couvraient une manifestation contre les expulsions. A leur étonnement, elles ont été interpellées lors d'un contrôle de police en principe dans le cadre du plan vigipirate , alors qu'aucune banderole n'avait été encore déployée par les manifestants, dont certains ont aussi été