La patrie en danger, l'unité de la République menacée: soucieux de
faire oublier son idylle avec le FN, Charles Millon en a fait des tonnes pour fustiger l'accord passé entre le leader de la gauche Jean-Jack Queyranne et... l'unique élu de la Ligue savoisienne, Patrice Abeille. «C'est un peu gros, tout ce tintouin, rigole Patrice Abeille, il ne s'agit pas de faire parler la poudre.» La «poudre», les Savoisiens l'ont faite parler dans les urnes le 15 mars en obtenant 6,04% des voix en Haute-Savoie et 4,42% en Savoie, à cause de la concurrence d'une mystérieuse liste «Mouvement Savoie» (3,59%), affiliée à un groupuscule de droite extrême. Ils ont atteint des scores records dans des zones rurales comme le canton d'Abondance (14,54%), la vallée de la Tarentaise (près de 15%), ou des stations de sports d'hiver (11% aux Arcs, 13% à La Plagne). Les relents poujadistes de son discours contre l'impôt, Paris et les «tracasseries administratives» y ont fait fureur auprès d'un électorat conservateur de commerçants, d'artisans et d'agriculteurs. Surtout, la Ligue revendique l'indépendance de la Savoie, rattachée à la France en 1860. «Caduc». A l'origine, le traité d'annexion prévoyait de conférer à la région un statut de neutralité en cas de guerre et une zone franche sur le tiers nord du territoire. «Ces deux clauses ont été abandonnées, le traité est donc caduc», assène Abeille. Les velléités sécessionnistes ne datent pas d'hier. Fortes au début du siècle, elles ont rejailli dans les