De tous les chantiers ouverts par Claude Allègre, celui de la
rénovation du service public est sans doute le plus ambitieux. Le plus explosif aussi. En septembre 1997, le ministre avait confié à l'ancien recteur de l'académie de Lille, Claude Pair, une mission visant à rendre compatibles «un pilotage national et académique rigoureux et une réelle décentralisation au niveau des établissements». Bouclé depuis plus d'un mois, le rapport Pair n'a été rendu public qu'hier, à l'occasion d'une discrète conférence de presse. Visiblement soucieux de ne pas perturber, plus encore, des enseignants déjà passablement exaspérés, Claude Allègre a pris soin de souligner que les travaux qui lui sont remis «n'engagent que leurs auteurs». Utile précaution. Car ce rapport intitulé «Rénovation du service public: responsabilité et démocratie» contient des propositions iconoclastes, dénoncés à l'avance par plusieurs syndicats.
La première bombe concerne l'école primaire. Pour mettre en place un véritable service du public, Claude Pair préconise la création «d'établissements du premier degré» bénéficiant, comme les collèges et lycées, du statut d'Etablissement public local d'enseignement (EPLE) doté d'une autonomie budgétaire. En zone rurale, où l'on compte, aujourd'hui encore, près de 12 000 écoles à une ou deux classes, ces nouveaux établissements chapeauteraient au moins quinze classes réparties sur plusieurs communes. Héritier de la loi Guizot, de 1833, qui faisait obligation à chaque commune d'o