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Libération

Commentaire. Faux martyr.

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publié le 3 avril 1998 à 0h15

Au regard des propres critères de la lepénie, les faits pour

lesquels la justice a condamné, hier, le président du FN sont inqualifiables. Le Pen a pour fonds de commerce la dénonciation de l'insécurité et celle de l'impéritie de la classe politique. Dans son échelle de valeurs, que vaut un homme politique qui se comporte comme un vulgaire délinquant? Le sécuritaire qui crée de l'insécurité, c'est un comble. Quand, en sus, l'agresseur s'en prend à une femme, c'est une lâcheté. Et quand il est un responsable publique, c'est une lâcheté qui abîme la démocratie. Sans égard pour les valeurs qu'il prétend défendre, Le Pen se pose quand même en martyr. «Machination politico-judiciaire», ont plaidé en choeur ses lieutenants. Mais c'est le choeur des hypocrites. Car tous, Mégret en tête, savent bien qu'il n'est pire ennemi pour le FN que Le Pen. A peine pense-t-il toucher le bout de sa longue quête de la respectabilité qu'il se retrouve piégé par son naturel. Un bon mot qui fuse, et il trahit son inconscient antisémite. Un coup de pied qui part, et le septuagénaire qui se croit devenu présidentiable se révèle être toujours l'agité qui faisait le coup de poing au quartier Latin, le coup de fusil en Indochine et le coup de massue en Algérie. Sortez Le Pen, et le FN, du coup, risque de paraître plus présentable à l'heure où les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir l'interdire. La condamnation qu'ont infligée les juges à son président est peut-être une chance pour l'extrême