Lille correspondance
Sept. Le 20 mars, ils étaient sept élus Lutte ouvrière à faire leurs premiers pas au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, portés par les urnes cinq jours plus tôt avec 5,11% des voix dans le Nord, 6,35% dans le Pas-de-Calais. Avec l'ambition d'y être «les yeux et les oreilles des travailleurs». Tous sont issus de famille ouvrière, certains avaient des parents communistes, d'autres syndicalistes. Leur adhésion à l'extrême gauche est le produit d'un cheminement logique. Pas un coup de tête d'étudiant révolté, mais une décision mûrie. Pour presque tous, l'engagement remonte aux années 70. «Bar de prolos.» Jusqu'en Mai 68, Roger Marie, 50 ans, professeur de français à Douai, militait aux Jeunesses communistes. Il ne se retrouve pas dans l'attitude du PC au moment des révoltes étudiantes. «Et puis il y a eu cette guerre du Viêt-Nam, moi je n'étais pas pour la paix mais pour la victoire des Vietnamiens. La paix se fait souvent au détriment des peuples.» Comme ses collègues, il est convaincu que les progrès sociaux et politiques ne peuvent s'obtenir que par la lutte. «C'est comme ça que j'ai compris ce que voulait dire la révolution permanente», poursuit Dominique Wailly, 45 ans, opérateur de maintenance à Pechiney Aluminium Dunkerque. Issu d'une famille ouvrière roubaisienne de six enfants, il a trempé dans le bain politique depuis l'âge de 17 ans. Son père tenait un bistrot dans un quartier ouvrier. «C'était un bar de prolos, tous les jours ça discutait fe