L'Europe, «ce piège à cons», comme disait Jacques Chirac avant
d'arriver à l'Elysée. Maintenant qu'il y est, ça reste d'actualité, pour lui et pour le RPR. Hier, le bureau du groupe gaulliste à l'Assemblée nationale a décidé de voter «non» à l'issue du débat, cet après-midi, sur la proposition de résolution recommandant le passage à l'euro. Moins d'une semaine après que le chef de l'Etat s'est fait l'apôtre de la monnaie unique, le parti du Président qui vote contre l'euro, ça fait désordre. Pour expliquer ce choix, Jean-Louis Debré s'est précipité dans la nasse.
«Nous disons oui à l'euro et non à la politique économique du gouvernement», a déclaré le chef de file des députés RPR, en dénonçant «un détournement de procédure, une manipulation politique de la part du Premier ministre», qui «veut faire approuver sa politique économique et sa politique européenne». Lionel Jospin s'en est bien gardé. Si le RPR a cette crainte, «je l'en libère», a-t-il ironisé à la tribune, en lui demandant de ne «pas lui imputer la responsabilité» de son choix. Du coup, voilà le RPR divisé et Philippe Séguin coincé.
Après avoir tenu à remplacer Hervé Gaymard (Savoie) comme unique orateur du groupe, le président du RPR a fait le forcing pour imposer le «non». Arguant que le Premier ministre avait lancé un plan média et entendait profiter de la discussion sur l'euro pour défendre ses choix politiques, il n'a pas eu besoin de violer les membres du bureau, hier: ils sont, pour la plupart, antimaastricht