Si Charles Millon voulait passer inaperçu, il a raté son coup. Pour
son retour dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, un mois après sa réélection à la présidence de la région Rhône-Alpes avec des voix du Front national, il a commis, hier, une erreur stratégique: quitter son banc avant la fin de la séance des questions d'actualité. Résultat: il s'est fait remarquer par les députés PCF et PS, qui ne l'avaient pas vu, et qui se sont mis à le conspuer aux cris de «Millon dehors, Millon dehors». Sourire crispé aux lèvres, le député de l'Ain a dû stopper sa sortie, optant pour une place au premier rang aux côtés du député RPR Charles Cova. Outrés par le chahut de la gauche, la plupart des députés RPR, dans la foulée des anciens Premier ministres Edouard Balladur et Alain Juppé, se sont levés de leurs bancs. Un tiers environ des élus UDF leur ont emboîté le pas. Laurent Fabius, président de l'Assemblée, leur a demandé de regagner leurs places. En vain. En passant devant Charles Millon, nombre de députés de droite ont marqué un arrêt pour lui serrer la main et le congratuler. Le président du RPR, Philippe Séguin, a profité du débat sur l'euro pour effectuer un rappel au règlement et «protester contre le comportement que je crois inadmissible de certains de nos collègues.» «Quel que soit le jugement qu'on peut formuler sur les initiatives politiques de certains des nôtres, et mon jugement personnel n'est pas le moins critique, on doit le respect à tout membre de notre Assemblée»,