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Qui a tué le préfet de Corse?

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Enquête sur un engrenage meurtrier. La mort de Claude Erignac serait liée aux luttes de pouvoir qui secouent le FLNC-Canal historique.
publié le 23 avril 1998 à 23h27

Le 6 février dernier, vers 21 heures, un petit commando de cinq ou six hommes guette le préfet Claude Erignac dans le centre-ville d'Ajaccio. Le tireur est un homme blond, portant peut-être une perruque. D'un calme absolu, il toise l'un des témoins pendant quelques secondes, les yeux dans les yeux. Il est accompagné d'un homme de type méditerranéen. Le tueur abat le préfet, puis, posément, ôte le chargeur du pistolet Beretta. Il pose alors l'arme et son chargeur sur le sol. Puis le commando se replie.

Dix semaines se sont écoulées depuis l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac. Et l'armada de policiers mobilisés sur ce dossier a désormais la conviction que les auteurs comme les commanditaires de ce crime sont à rechercher dans la nébuleuse nationaliste (lire page 4). Et, plus précisément, du côté d'un groupuscule encore mal défini, regroupant des militants radicalisés issus ou proches de la branche clandestine «dure», le FLNC-Canal historique, bras armé clandestin du parti A Cuncolta. Il semble également acquis que la mort du préfet soit l'aboutissement d'un processus complexe, fait d'une lutte de pouvoir interne au sein du FLNC-Canal historique, au cours de laquelle des groupes informels vont se faire et se défaire, voire s'opposer. La lecture de la succession d'événements survenus avant le crime peut permettre d'y voir un peu plus clair.

Eté 1997: la lutte interne Au début de l'été 1997, le FLNC-Canal historique est déstabilisé par l'incarcération pro