Après avoir cessé de vendre au porte-à-porte des encyclopédies médicales, Rachid Taha fonde, au milieu des années 80, le groupe Carte de séjour avec Mohammed et Moktar Amini, introduisant une dose de rock dans la musique maghrébine. L'éclat et la notoriété viennent avec la reprise ultérieure du Douce France de Trenet. Suivront Barbès, album solo en 1991, puis Olé olé en 1996, aller-retour en Orient-Occident express. 1998, c'est Diwan, album de reprises du patrimoine arabe. Pantalon de satin noir déchiré aux deux genoux, veste de velours noir Kenzo, lunettes noires de zigoto, tignasse corbeau coiffée en pétard, Rachid Taha, bientôt 40 ans, menu et sec, parfaitement à l'heure au rendez-vous, est beau. Allongé sur le diwan, il raconte son grand écart musical et existentiel, entre bled oranais et banlieue de Lyon.
«Diwan», ça signifie?
Littéralement, «recueil de poésies», c'est un mot turc dérivé du persan. Mais à Istanbul, au temps de l'Empire turc, le diwan désignait aussi la salle garnie de coussins où le conseil du sultan se réunissait, puis, par extension, le conseil lui-même. En passant dans le français, c'est devenu «divan». Mon album s'appelle Diwan pour toutes ces raisons réunies. C'est à la fois une collection de poésies, un mémorial, un conseil d'ami et une autoanalyse.
«Autoanalyse»?...
C'est le disque que je voulais faire depuis toujours, bien avant d'être musicien. Gamin, d'abord en Alsace et après dans la banlieue de Lyon, mon père, en rentrant du boulot, cherchait des ondes sur la radio, comme pendant l'