Tragédie humaine», a dit Lionel Jospin. «Crime contre l'humanité», a
estimé Laurent Fabius. Hier, en Haute-Saône, la veille au Palais-Bourbon, le Premier ministre et le président de l'Assemblée nationale ont, chacun à leur façon, célébré le cent-cinquantenaire de l'abolition de l'esclavage (Libération du 25 avril). Lionel Jospin s'est rendu hier à Champagne pour rendre hommage à cette commune franc-comtoise, qui en 1789, avait demandé l'abolition de l'esclavage dans son cahier de doléances.
Devant 2 000 personnes et cinq ministres, il a évoqué le rétablissement, par Bonaparte, de la première abolition de l'esclavage, décrétée en 1794 par la Convention: «Le souvenir de ce lent parcours vers l'abolition nous invite à méditer sur la fragilité des droits de l'homme.» Le Premier ministre s'est cependant gardé de se référer à la notion de crime contre l'humanité, dont la reconnaissance est revendiquée par les descendants des esclaves.
La veille, Laurent Fabius avait été plus audacieux. «C'est vraiment la personne humaine elle-même qui est visée, dans ce qui constitue l'esclavage. On lui supprime sa liberté, on lui supprime son identité, on lui nie toute existence comme homme ou comme femme. Donc, si ça n'est pas un crime contre l'humanité, le crime contre l'humanité n'a pas de contenu», a déclaré l'ancien Premier ministre. 1 200 jeunes, dont quelque 200 venus d'outre-mer, ont assisté à la commémoration, notamment marquée par l'inauguration de l'exposition «Déchaîne ta citoyenneté» à