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Enquête

Séguin ou le syndrome de l'éternel minoritaire. Chirac l'empêche d'asseoir son pouvoir sur le RPR. Enquête.

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publié le 27 avril 1998 à 23h39

Philippe Séguin a un petit problème: Jacques Chirac. Et vice versa.

Le chef de l'Etat et le président du RPR déjeunent en tête à tête toutes les semaines à l'Elysée, mais s'entendent-ils? Mardi dernier, Jacques Chirac, qui s'est félicité, cinq jours plus tôt, du passage à l'euro au cours d'un point de presse solennel, goûte mal que le bureau du groupe RPR à l'Assemblée nationale prône, en l'absence d'Alain Juppé et d'Edouard Balladur, le «non», à la suite du forcing de Philippe Séguin. A chacun sa sphère d'influence, explique le député des Vosges. La cohabitation risque d'être longue et, si le chef de l'Etat est dans son rôle institutionnel en défendant le «oui», le RPR doit, en tant que premier parti de l'opposition, s'opposer radicalement au gouvernement pour regagner la frange électorale tentée par le FN. Convainc-t-il Chirac? Quatre heures plus tard, coup de fil du président de la République à Séguin pour le faire revenir sur sa position. La discussion est houleuse. Le député des Vosges agite sa démission du RPR: «Si c'est comme ça, je te rends les clés.» Jacques Chirac lui raccroche au nez. Le lendemain, le président du RPR doit plier. Sous la pression d'Alain Juppé ­ qui pousse au oui ­ et avec l'aval de Jean-Louis Debré, le groupe parlementaire décide, à une faible majorité, de ne pas participer au vote sur le passage à l'euro et de déposer une motion de censure contre le gouvernement.

Couleuvre. Même s'il affirme à ses proches avoir «préféré avaler une nouvelle couleuv