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Libération

Lionel Jospin n'a critiqué que son mode de désignation, mais toute l'institution est à repenser pour moderniser la vie publique.

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publié le 28 avril 1998 à 23h48

Il faut en finir avec le Sénat. Malgré la commémoration de 1968, nul

n'ose encore ce mot d'ordre. Pas Lionel Jospin, en tout cas, qui, lorsqu'il parle d'une «anomalie parmi les démocraties», désigne le mode d'élection des sénateurs, non l'institution. Le mot d'ordre, pourtant, ne serait pas sans fondement. Et il célébrerait de belle façon un autre anniversaire, le départ, il y a vingt-neuf ans jour pour jour, du Général. Une mise en retraite anticipée au prétexte d'un référendum perdu, le 27 avril 1969, sur la suppression de la Haute Assemblée. «Nous ne pouvons accepter que la deuxième chambre législative du pays soit assassinée dans l'ombre blafarde d'un référendum», tempêtait alors Alain Poher, président du Palais du Luxembourg. Les électeurs l'ont suivi. Non par souci de l'institution mais par envie de se débarrasser d'un chef d'Etat que 68 avait fini de vieillir. Le Sénat, depuis, bénéficie de l'impunité: puisqu'il a fait tomber de Gaulle, gare à celui qui veut y toucher. Mais il vit sur une fausse réputation. Le Sénat n'a fait chuter personne, c'est le général qui a «sauté» tout seul dans un «piège à cons». Reste que la tentation de supprimer le Haute Assemblée était un peu passée de mode. A tort. C'est justice si elle ressurgit aujourd'hui. Car elle est consubstantielle à une institution mal née qui pâtit de son origine nobiliaire et de son mode d'élection hérité d'un autre âge: un suffrage indirect qui fleure le censitaire. Pour ces raisons, la seconde chambre a succe