Le Sénat n'a pas la cote. Une sale image lui colle aux lambris: trop
vieux, trop riche, trop éloigné des Français. En qualifiant cette haute assemblée d'«anomalie», Lionel Jospin savait que les Français ne lui en voudraient pas. Les sénateurs de droite, en revanche, n'ont guère apprécié l'attaque qu'ils qualifient de «politicienne».
Pourtant, ce n'est pas l'existence d'une seconde chambre qui est remise en cause dans les critiques faites au Sénat. Ce n'est pas non plus l'apport du travail des sénateurs à l'élaboration des lois. Personne n'entend le supprimer d'un coup de référendum. A gauche comme à droite, on s'accorde pour apprécier les vertus du bicamérisme. «Le Sénat, en soi, est utile, note le constitutionnaliste Olivier Duhamel, c'est bien pour la qualité des textes législatifs.» Même Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l'Essonne, pourtant partisan d'un changement de régime, reconnaît que «l'existence des "navettes» entre les deux assemblées donne une respiration au système parlementaire. Cela permet d'être à l'abri des coups de tête et d'enrichir les lois d'éléments nouveaux que la discussion peut faire surgir».
A droite, on est intarissable sur le sujet. «Quand le Sénat et l'Assemblée sont de même tendance, le Sénat a plus d'influence, car il est plus indépendant, moins soumis aux pressions des lobbys, estime Jean-Dominique Giuliani, directeur de cabinet de René Monory, quand ils sont opposés, le Sénat sert de contrepoint.» Et d'ajouter: «L'apport technique et législatif de