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Libération

SPECIAL MAI 68. Vers des pourparlers entre Nigeria et Biafra.

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Quelle issue pour le conflit le plus sanglant qu'ait connu l'Afrique depuis l'Algérie?
publié le 4 mai 1998 à 2h47

Près d'un an après la sécession du Biafra, le gouvernement nigérian et les représentants de la province orientale ont pour la première fois accepté de se rencontrer dimanche à Londres, au siège du secrétariat du Commonwealth. Certes, ce ne seront que des pourparlers préliminaires, destinés à choisir un lieu pour les négociations de paix proprement dites. Et pendant ce temps, comme le faisait remarquer hier le président de la Côte-d'Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, à l'issue d'un entretien à l'Elysée avec le général de Gaulle, «les gens continuent là-bas de mourir». Mais ce premier contact, qui plus est, à Londres, que le Biafra accuse de soutenir Lagos, est une voie entrouverte vers le règlement du conflit le plus sanglant qu'ait connu l'Afrique depuis la guerre d'Algérie.

Les images télévisées d'enfants agonisants et de charniers ont tardivement ému une opinion publique qui a longtemps ignoré la poudrière ethnique et religieuse sur laquelle se construisait le nouvel Etat nigérian. Quand, six ans après l'indépendance, de jeunes officiers, la plupart ibos, ethnie majoritaire du Biafra christianisé, prennent le pouvoir par les armes aux musulmans du Nord, qui avaient succédé au colon britannique, l'unité de façade du Nigeria se désintègre. Le putsch de janvier 1966 sera suivi dans le Nord de pogroms anti-Ibos. Un million et demi d'entre eux vont se réfugier dans leur région d'origine, la plus riche du pays: les deux tiers du pétrole nigérian proviennent du Biafra. Le chef de l'E