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Libération

La lutte anti-FN prend un coup de jeunes. Viscérale, elle a émergé en dehors des structures existantes.

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publié le 11 mai 1998 à 3h14

C'est la «génération anti-FN». Même les vieux routiers des manifs en

sont tout surpris: les défilés du printemps contre les alliances droite-extrême droite dans les régions ont pris un coup de jeune(s). Finies les manifestations pousse-cailloux. «Il y a un côté ludique et radical», s'amuse Alain Krivine, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (trotskiste). Du coup, l'ancien candidat à la présidentielle se retrouve ­ presque ­ trente ans en arrière: «Oui, il y a un côté mai 1968», jubile-t-il. Que ce soit à Orléans, Rouen, Lyon, Marseille ou Dijon, les rassemblements de mars-avril pour protester contre les rapprochements inavouables mais trop voyants entre la droite et le FN ont été avant tout animés par des jeunes en âge scolaire, souvent des lycéens. Cette mobilisation ajoutée aux bons scores de l'extrême gauche aux régionales a créé un appel d'air dans les organisations gauchistes: «On recrute», affirme Krivine. Musique de fond. La surprise des «révolutionnaires professionnels» n'a d'égal que leurs difficultés à expliquer ce phénomène. Certes, les lycéens qui ont manifesté ont vécu toute leur jeune vie avec le FN. Ils sont nés quand il a commencé son ascension électorale, au milieu des années 80, ils ont cohabité avec cette permanence frontiste sur la scène politique. Aujourd'hui, cette petite musique de fond devient prégnante. «Le Front est omniprésent, explique Julien Dray, député PS de l'Essonne et cofondateur de SOS-Racisme. Aujourd'hui, il y a le choc d