Heureux qui comme Lionel Jospin a fait un beau voyage.
Paris-Bruxelles- Avignon-Paris, la semaine dernière, en passant par Nouméa, un tour de globe en six jours et trois étapes historiques. On comprend que le Premier ministre ait été pris, samedi, d'une «légère indisposition» à l'issue d'un périple de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres. Et qu'il ait, du coup, choisi de ne pas faire les 25 supplémentaires qui séparent Versailles, où il séjournait ce week-end, de Paris, où se déroulait la célébration du centenaire de la Ligue des droits de l'homme. L'embêtant, c'est que la LDH n'a pas voulu croire en cette excuse. Elle a préféré y voir une mauvaise manière à son endroit: une représaille pour sa critique sans complaisance de la politique d'immigration du gouvernement. Parano à l'égard d'un Premier ministre dont il n'y a pas de raison de mettre en doute le certificat médical?
L'épisode, en tout cas, est révélateur des liens difficiles qu'entretient le leader socialiste avec une part de la gauche. Gauche intellectuelle et humaniste, proche du PS, héritière d'une tradition qui, depuis l'affaire Dreyfus, défend les droits des hommes, fussent-ils étrangers et sans papiers. Et qui, par un bizarre retournement de l'Histoire, est depuis quelques années sur la sellette, accusée de faire le jeu du Front national en continuant à défendre une politique de l'immigration réaliste et humaniste, alors que le petit peuple de gauche serait exaspéré par la cohabitation au quotidien avec l