Lisez-vous Marx régulièrement?
Oui, bien sûr. Non comme un bréviaire, ni pour y trouver une ligne politique, mais une méthode d'analyse du concret dans sa complexité.
Vous célébrez le 150e anniversaire du Manifeste. Etre communiste en 1998, ce n'est pas une nostalgie?
L'idée communiste depuis le Manifeste a connu les développements et les vicissitudes que l'on sait. Mais ce qui s'est effondré à l'Est et qui se réclamait du «socialisme réel» n'était pas le communisme. «Un spectre hante l'Europe: le spectre du communisme», écrivaient Marx et Engels en 1848. S'il y a un spectre qui hante les milieux dominants aujourd'hui, c'est la mise en cause de l'ultralibéralisme. Pour moi, le communisme, c'est quelque chose de profondément neuf, même après la chute du mur de Berlin. C'est garder intacte la volonté d'être porteur de révolte devant l'injustice, les violences, les souffrances de la société, et en même temps être indissociablement convaincu qu'il faut et qu'on peut changer le monde et la société. La pire des choses serait d'imaginer que nous sommes dans une société bouchée par une sorte d'horizon indépassable de l'humanité, le capitalisme. Cette contestation de l'ultralibéralisme n'est pas seulement communiste, elle est aussi écologiste, féministe" Ce que moi je conçois comme visée communiste de notre époque, celle du XXIe siècle, doit pouvoir inclure tous ces mouvements. Sans prétendre au monopole, mon souci est qu'ils retrouvent dans la visée communiste l'écho de leurs préoccup