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Libération

Spécial MAI 68. Ce jour là, mercredi 15 mai. De l'Odéon à Renault, les trois coups.

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La commune de la Sorbonne s'étend, le théâtre de Jean-Louis Barrault devient un espace «révolutionnaire», les ouvriers de Cléon et de Flins entrent dans la grève""
publié le 15 mai 1998 à 1h22

Dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, une assemblée générale décide de vendre aux enchères les fresques de Puvis de Chavannes. On cherche des spécialistes pour les détacher. «Assez d'actes, des mots!», proclame un calicot. Après trois nuits de fourmilière grouillante, inventive, ouverte et militante, et débordée par son succès de curiosité, «la commune de La Sorbonne» étend son territoire (à son insu): à 22h45, après une représentation des ballets américains Paul Taylor, un millier de manifestants croise le flot des spectateurs dans les rues et envahit le Théâtre de France, sous une banderole «L'Odéon aux ouvriers». Des élèves de centres d'art dramatique semblent conduire le mouvement décidé l'après-midi à Nanterre, dans une relative discrétion puisqu'un tract diffusé annonçait l'attaque surprise. Jean-Louis Barrault, prévenu par téléphone, revient dans son théâtre et tente de le récupérer par l'argumentation. Madeleine Renaud le soutient, («Aux Folies-Bergère!», crie la foule à son arrivée), ils défendent l'internationalisme de leur travail et suggèrent que d'autres lieux bien plus bourgeois constitueraient de meilleures cibles. Les occupants, qui sont maintenant 4 000, semblent en désaccord entre eux et avec leurs hôtes contraints. Les discussions dureront jusqu'à l'aube où une motion enfin votée (par les 200 rescapés) sera placardée à l'entrée: «L'Odéon cesse pour une durée illimitée d'être un théâtre. Il devient: un lieu de rencontre entre ouvriers; une permanence r