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Libération

De la SFIO à l'alliance avec le FN en passant par la Licra"" La longue dérive de Charles Baur.

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publié le 19 mai 1998 à 1h37

Le 20 mars, Charles Baur sauve son siège et sa Safrane de président

de la région picarde par un accord avec le Front national. Là comme ailleurs, le geste fait grand bruit. Là plus qu'ailleurs, il est incompris: Charles Baur est juif, bien des membres de sa famille ont péri en déportation. Mais il ne bronche pas lorsque le FN de Picardie cancane: «Au Front national, on n'a pas un accord avec Charles Baur, on est d'accord.» C'est le prix de sa survie politique.

Charles Baur est un riche industriel doublé d'un notable qui, à part un maroquin ministériel attendu mais jamais proposé, a usé ses costumes sur bien des fauteuils à pouvoir. Il était dernièrement classé parmi les plus grosses fortunes de France (plus de 200 millions de francs), et il n'est pas du genre à descendre de quelques barreaux sur l'échelle. Charles Baur n'a donc rien appris de l'Histoire, de son histoire. Il sait faire les additions sur le coin de son bureau. De grossiers calculs d'amnésique, alors que l'album de famille ­ grande bourgeoisie venue d'Alsace ­ raconte de compromettantes et mortelles connivences. Traditionaliste. Dans la famille Baur, il y avait l'oncle André. André Baur est un agent de change, traditionaliste, choisi par Xavier Vallat, commissaire aux Questions juives, pour devenir le vice-président de l'Ugif (Union générale des Israélites de France, créée sur injonction du régime de Vichy en 1941). Il est en fait le véritable responsable de l'organisation en zone occupée. En septembre 1941, Val