C'est une rue coupée en deux par un conflit qui se dirige vers l'impasse. Du trottoir, on observe en ricanant les agissements de l'autre camp. On se toise, on s'observe. On se rencontre, on se déchire. Rue Beaurepaire, dans le Xe arrondissement de Paris, personne n'a encore tiré, mais tout le monde a peur qu'il y ait un mort. Depuis janvier, l'ouverture d'une «boutique» d'accueil pour toxicomanes de l'association Charonne mobilise les «contre» 310 adhérents, 2 500 signatures rassemblées dans l'association Canal Saint-Martin République face aux «pour» 100 adhérents, 100 signatures, armée plus récente levée via l'association Côté Quartier.
Escalade. Certains ont carrément fondu les plombs. Devant chez Mme C., une retraitée contre, des jeunes ont taggé «Sale pute». Anne a collé nuitamment des affiches «pour». Un opposant lui a lancé: «Vous êtes au moins socialiste pour être aussi conne"» On s'envoie des «Sale connasse de rétrograde!», des «Névrotique!»" Mme D. craint qu'on ne brûle son immeuble. Elle a installé une corde au dernier étage pour que sa fille puisse s'enfuir en cas d'incendie. La pâtissière a posé des caméras vidéo dans sa boutique. L'opposition affichée publiquement se paie comptant. Le traiteur, «contre», a perdu des clients. La boulangère n'ose plus se prononcer: elle chuchote. Depuis le début de l'affaire, les riverains ont bouleversé leurs habitudes. Délaissé le comptoir d'un café «contre» pour avaler leur petit noir ailleurs, tiré un t