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Libération

SPECIAL MAI 1968. Ce jour-là, jeudi 23 mai. Ascension vers la violence.

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Le mouvement s'amplifie, des cartes CGT sont déchirées, Philippe Sollers se sent marxiste-léniniste. Et les barricades s'enflamment au Quartier latin.
publié le 23 mai 1998 à 2h05

Jeudi de l'Ascension, mais comme dit l'Humanité, «il n'y a ni dimanche ni jour férié pour les grévistes (") qui veillent à la bonne discipline de leur lutte». Le mouvement s'amplifie. Pas de courses à Longchamp aujourd'hui. Les personnels des établissements de la Compagnie fermière de Vichy entament une grève de 48 heures (renouvelables). L'eau d'Evian commence à manquer à Paris. Les syndicats CGT et FO des ouvriers coiffeurs rassemblent les cahiers de revendications de leur corporation. Marcel Caille, secrétaire de la Cgt, annonce en titre: «Les travailleurs entrent par dizaines de milliers dans la Cgt», et précise dès la première phrase: «Par centaines de milliers, ce terme n'est évidemment pas trop fort.» André Barjonnet, secrétaire du centre d'études économiques et sociales de la centrale depuis plus de vingt ans, membre du Conseil économique et social, démissionne, il s'adresse à Georges Séguy: «En ne répondant pas à l'aspiration profonde des travailleurs et des étudiants qu'elles n'ont pas su ou pas voulu comprendre, les grandes formations syndicales et politiques se réclamant de la classe ouvrière et de la gauche portent une lourde responsabilité historique, à laquelle il m'est impossible de m'associer plus longtemps.» Arthur Haneuse, secrétaire général du syndicat Cgt des artistes musiciens, pareil. 150 comédiens syndiqués à la Cgt se désolidarisent de la direction de la centrale. Les éditions Grasset publient Peut-on être communiste aujourd'hui? de Roger Garaudy (on