Menu
Libération

Jospin, premier bilan (1): l'économie. L'art de surfer sur la chance. Le retour de la croissance fut une aubaine que le Premier ministre a su mettre à profit pour éviter les écueils économiques et sociaux.

Article réservé aux abonnés
publié le 27 mai 1998 à 2h18

C'est un grand patron qui pose la question: «Ce gouvernement est-il

vraiment bon? Ou a-t-il simplement de la chance?» Un autre, à la tête d'une puissante entreprise, a tranché: «Je suis épaté. Il y a un peu plus d'un an, on nous disait: il faut renoncer à Maastricht ou alors adopter un plan d'austérité brutale. Jospin a évité ces deux écueils. Non seulement il a fait l'euro, mais il l'a fait sans casser la croissance.» Même les 35 heures, qui ont mis le patronat dans tous ses états, se transforment en incident de parcours. Un mauvais souvenir, dont on finit par sourire au CNPF. «En jouant le rôle des tueurs, on a rendu service à la gauche!»

De la chance? Lionel Jospin n'en a pas manqué. Il est plus confortable de s'installer à Matignon quand la croissance redémarre que quand elle fait défaut. Alain Juppé avait cassé la reprise de 1995 en décrétant, au nom des critères de Maastricht, une brutale ponction fiscale de plus de 100 milliards. Mais, en juin 1997, quand Jospin prend les commandes, la croissance mondiale tire l'économie française. L'héritage n'est donc pas si lourd à porter. Dopées par la hausse du dollar, les exportations françaises battent record sur record. La reprise, d'abord cantonnée à l'industrie, se diffuse à tous les secteurs. La consommation et l'investissement repartent. La courbe du chômage s'infléchit et repasse sous la barre symbolique des trois millions de demandeurs d'emploi.

Passer entre les gouttes. Il n'y a pas que la chance. Il y a aussi du savoir-f