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Libération

SPECIAL MAI 1968. Ce jour-là, lundi 27 mai. «Ce/n'est/qu'un début/continuons le/combat!»

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Les négociateurs de Grenelle se séparent sur un compromis, les usines votent la poursuite de la grève, on rassemble les morceaux au stade Charléty.
publié le 27 mai 1998 à 2h15

Le soleil se lève, rue de Grenelle, sur les visages gris, les yeux rouges, les nuits blanches. Les délégations sont enfermées depuis une quinzaine d'heures, on a bien cru ne pas en sortir; à 3 heures du matin, rien n'était réglé. L'annonce de la tenue, ce soir au stade Charléty, d'un grand rassemblement syndical, Unef, SNESup, FEN, CFDT (et PSU), semble avoir donné des ailes à la CGT, qui redoute cette alliance. Krasucki se redresse sur son fauteuil et lance: «Il faut en finir.» On tranche dans le vif, la réduction du ticket modérateur de la Sécu (5%), le paiement des journées de grève (50%), et l'on renvoie aux calendes les questions qui fâchent, comme la fonction publique, l'échelle mobile et les ordonnances sur la Sécurit sociale.

A 4h30, on se sépare de nouveau en commissions pour rédiger un texte de compromis. A 7h40, Georges Pompidou, exténué, bredouillant, lit en séance plénière le «protocole d'accord» de Grenelle: le Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti) passe de 2,22 francs à 3 francs de l'heure, les salaires augmentent de 10% (7% au 1er juin, 3% en octobre), un accord-cadre est prévu pour aller vers la semaine de 40 heures, le ticket modérateur passe de 30% à 25%, une refonte du droit syndical en garantira la liberté à l'intérieur des entreprises, les conventions collectives seront mises à jour, allocations familiales, formation, fiscalité, etc. Rien pour les étudiants. Le Monde évalue vite fait l'addition à «15 milliards de francs supplémentaires inject