Ancien Premier ministre et sénateur-maire (PS) de Lille, Pierre Mauroy appelle de ses voeux un véritable statut de l'élu, pour bâtir «la République citoyenne du XXIe siècle».
Sénateur-maire depuis six ans après avoir été député-maire pendant dix-neuf ans, êtes-vous favorable à l'interdiction du cumul entre mandat national et mandat local?
Tout à fait, car ce non-cumul entre dans le cadre du mouvement historique de la décentralisation que nous avons lancée en 1982. Lorsque le pouvoir central était encore omniprésent, la respiration de la démocratie nécessitait une liaison très étroite entre le plan local, c'est-à-dire la proximité, la représentation des citoyens, et le pouvoir central. Les courroies de transmission étaient les députés maires et les sénateurs maires, c'est-à-dire des élus à deux ailes: l'une, à Paris, en contact avec les ministres et le pouvoir central, et l'autre en liaison avec les citoyens pour gérer le quotidien.
On peut désormais leur rogner l'une de ces deux ailes car il s'agit de préparer la grande réforme administrative et institutionnelle qui édifiera la République du XXIe siècle: une République dont le pouvoir central sera soumis au contrôle du Parlement. Pour que le Parlement soit plus fort et fasse preuve de plus d'initiatives, il faut des parlementaires qui soient davantage à Paris et se consacrent totalement à leur tâche. Ce nouvel équilibre implique, dans le même temps, de fortifier le pouvoir local, surtout le pouvoir communal.
Cela passe-t-il par une revalorisation de l'indemnité des maires?
On a cru régler cette question en se disant que le maire avait d'autres activités professionnelles ou d'autres mandats et qu'il pouvait se contenter d'une indemnité relativement faible.