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Libération

Jospin, premier bilan (3): la gauche radicale. «L'espoir d'une autre politique est déçu». Le dialogue de sourds demeure avec les défenseurs des «sans».

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publié le 29 mai 1998 à 2h26

Entre la gauche radicale et Lionel Jospin, ce n'est pas du désamour,

puisqu'il n'y a jamais eu d'histoire d'amour, mais le règne des incompatibilités et des incompréhensions. Pour ces partis, ces organisations, ces syndicats ou ces intellectuels qui se revendiquent de la radicalité, le Premier ministre n'a pas compris le mouvement des chômeurs, la lutte des sans-papiers et les réactions à la loi Chevènement. Pour Jospin, cette nébuleuse ­ peu ou prou l'oeuvre de meneurs trotskistes ou autres ­ ne correspond ni au coeur de son projet ni au centre de gravité de la société française. Dialogue de sourds entre les défenseurs des «sans» et l'incarnation d'une classe salariée.

«Idiots amnésiques». «Pour une gauche de gauche», proclamait, début avril, Pierre Bourdieu, figure emblématique de cette «gauche de la gauche», en exhortant dans le Monde «le quatuor Jospin, Chevènement, Hue, Voynet» à se rappeler que «les majorités de gauche ont conduit au désastre chaque fois qu'elles ont voulu appliquer les politiques de leurs adversaires et pris leurs électeurs pour des idiots amnésiques». Lors de la campagne législative de 1997, sous l'impulsion d'Act Up, une myriade d'associations clamaient déjà de manière provocante: «Nous sommes la gauche.» En un an, rien de changé?

L'historien Henri Maler, l'un des animateurs des états généraux du mouvement social, a des kilos de reproches dans sa besace. L'Europe, les sans-papiers, l'éducation donnent l'occasion à ce spécialiste du marxisme de formuler