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Libération

SPECIAL MAI 1968. Ce jour-là, mercredi 29 mai. Le Général déserte.

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De Gaulle fausse compagnie à la France, le cortège qui défile à l'appel de la CGT improvise:«A Colombey, qu'il y reste!», Mendès France fait acte de candidature""
publié le 29 mai 1998 à 2h28

Georges Boutelleau, dit «Jacques Chardonne», est mort la nuit dernière, à La Frette, Seine-et-Oise, il avait 84 ans. A Paris, les fossoyeurs sont en grève. On n'enterre plus. Leurs piquets empêchent l'armée de les remplacer.

A 10 heures, les ministres les plus ponctuels attendent à l'Elysée la tenue du conseil de chaque mercredi. Une volée d'huissiers s'agite dans les couloirs: «Pas de conseil! Pas de conseil! Le Président s'en va.» De Gaulle s'en va, personne ne sait encore ni quand ni où. A 11h24, deux DS noires franchissent la grille du Coq, le général est dans la seconde. Il y a dix ans, jour pour jour, c'est par cet accès discret au palais de l'Elysée qu'il y était entré pour la première fois, à l'invite de René Coty, le dernier président de la quatrième République. Mais cette fois, il sort. Avec femme et bagages, garde du corps et aide de camp. Pompidou n'a pas été prévenu. Un communiqué de l'Elysée précise: «Le général de Gaulle est parti pour Colombey-les-Deux-Eglises. Il sera de retour demain à 15 heures pour présider le Conseil des ministres». Le petit et le grand monde politique s'affolent, la dernière fois que le général a fait le coup, il a mis douze ans à revenir.

Trois hélicoptères, un de la gendarmerie nationale et deux de la présidence, décollent quelques minutes plus tard de l'héliport d'Issy-les-Moulineaux vers l'est, on suppose les de Gaulle à bord. On dit même que la Caravelle présidentielle a également pris les airs. En début d'après-midi, la consigne off