Ses murs sont rose pâle ; les volets et le portail, gris. Le bâtiment est niché au nord de Paris, rue Rouvet, dans le XIXe arrondissement. A Lutte ouvrière, les rares qui connaissent le lieu le surnomment «le Président». Centre névralgique de l’organisation, il est tenu ultrasecret des militants eux-mêmes. Le samedi, vers 9 heures, une trentaine de membres du comité exécutif de LO y pénètrent sous l’œil d’une caméra, fixée au fronton. La plupart ont dans les 45-50 ans. Viennent à pied. Et souvent seuls. Des hommes, des femmes, qui se réunissent là jusque vers 13 heures. A l’intérieur du bâtiment, un préau fleuri. Au fond, un parking. Le tout joliment entretenu, le charme en plein Paris. A la même adresse sont également domiciliées plusieurs sociétés, proches du parti.
Depuis toujours, Lutte ouvrière joue le secret. Pas de siège social connu, mais une boîte postale, une direction sous pseudonyme, des rendez-vous en deux temps systématiques, des appels passés quasi exclusivement depuis des téléphones publics. A LO, on a même un nom pour ça : la «conspirativité». Le but, selon Fortin (1), vingt ans de militantisme à LO : «Vivre comme si la police t’espionnait. Et s’entraîner à l’avance», en cas de révolution.
En attendant, LO ne peut exister sans façades. D’où sa fête annuelle, ses journaux (2), ses quelque 400 «bulletins de boîtes» (publications syndicales), véritables socles de l’organisation. Mais, surtout, ses candidats aux élections&n