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Libération

SPECIAL MAI 1968. Ce jour-là, jeudi 30 mai (fin). «Je ne me retirerai pas».

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De Gaulle réapparaît, requinqué. En quatre minutes, à la radio, il reprend les rênes de la nation. Le peuple de droite, soulagé, se rue sur les Champs-Elysées.
publié le 30 mai 1998 à 2h34

A 11 h 05, un hélicoptère décolle de Colombey-les-Deux-Eglises avec le président de la République à son bord. A 12 h 25, il débarque à l'Elysée, ce n'est plus le même homme, cette ombre de lui-même qui, les jours précédents, semblait sombrer dans le doute, il a retrouvé son allure martiale, le personnel rentre le ventre à son passage. Il annonce qu'il s'adressera à son «cher et vieux pays» après le Conseil des ministres prévu pour 15 heures. Il reçoit le Premier ministre. Rien ne filtre de l'entrevue entre les deux premiers personnages de l'exécutif. Le conseil est expédié en une demi-heure. Contrairement à l'usage, Georges Gorse, ministre de l'Information, ne fait pas de compte rendu à la sortie. De 16 heures à 16 h 30, en présence de Gorse, de Gaulle enregistre dans son bureau son adresse à la nation. Il a décidé d'utiliser la radio, de peur d'être coupé par les grévistes de la télévision, et pour être sûr d'être entendu, l'après-midi n'est pas une heure habituelle pour regarder le petit écran, d'autres voient dans ce choix le symbole d'un autre discours, depuis Londres, vingt-huit ans plus tôt. De la rue monte déjà un concert de Klaxon, on jette des tracts appelant à la manifestation en soutien au chef de l'Etat place de la Concorde. Partout, jusqu'au Palais-Bourbon, jusque dans les bureaux les plus proches du pouvoir et des opposants, on se regroupe en grappes autour des transistors.

16 h31. La voix est énergique, implacable, la télévision la relaie sur une image fixe, le