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Libération
Interview

Le témoin du jour. Charles Pasqua, 41 ans, négociant en spiritueux, vice-président des SAC (Services d'action civique). «Si de Gaulle avait été Tito, j'aurais été communiste».

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publié le 30 mai 1998 à 2h34

«A trois heures de l'après-midi, ce 30 mai, place de la Concorde,nous sommes déjà 200000, dans une forêt de drapeaux bleu, blanc, rouge, apportés par les anciens combattants, donnés par les mairies. La foule est telle que nous devons commencer à remonter les Champs-Elysées. A 4 heures, le général commence à parler, il annonce la dissolution de l'Assemblée (une idée de Pompidou, je crois). Le général a repris la main, son allocution est extraordinaire. Cette fois, la radio, qui avait eu une attitude scandaleuse depuis le début des événements ­ elle renseignait les manifestants ­, nous sert. Après le discours du général, les gens affluent de partout. La veille, nous avions réuni tous les dirigeants des mouvements gaullistes et les avions mis devant le fait accompli: demain on va manifester sur les Champs-Elysées, on a distribué des milliers de tracts. Certains s'inquiètent: «Si nous ne sommes que 50000, que faites-vous? Nous remontons les Champs-Elysées. Et si vous n'êtes que 5000?»

Le 29 mai, quand tout le monde pense que le Général ne reviendra pas, nous sommes convaincus au contraire qu'il ne peut pas se dégonfler. Je suis, pour ma part, un inconditionnel du général de Gaulle. S'il avait fallu se faire tuer pour lui, je l'aurais fait. J'ai toujours dit que si de Gaulle avait été communiste, s'il avait été Tito, j'aurais été communiste" Depuis le début du mois, j'ai assisté, un peu éberlué, à l'effondrement du régime, à la lâcheté de responsables qui ne songent q