Il aura fallu un an au gouvernement pour réaliser un virage
stratégique de grande classe et revenir sur le plafonnement des «allocs», un choix de Lionel Jospin annoncé à grand fracas le 19 juin 1997, lors de sa déclaration de politique générale. Au final, les socialistes pourraient y gagner une nouvelle cohérence culturelle et des amis inattendus dans la «société civile». L'équipe Jospin, pour qui cette réforme n'était qu'une simple «mesure de justice sociale» les allocations familiales ne seraient qu'un «argent de poche» pour familles aisées, glissait-on dans les ministères , fut surprise par la ténacité des associations familiales, pour la plupart regroupées dans l'Union nationale des associations familiales (Unaf), épaulées par la Caisse d'allocations familiales (présidée par la CFTC, le syndicat chrétien), mais aussi par toutes les confédérations syndicales.
Les premières tiennent aux «allocs» comme à la prunelle de leurs yeux, car elles représentent la dernière prestation «universelle» servie aux familles. Les secondes ont vu poindre un débat désastreux sur «l'équité», mené par Alain Minc et même Jack Lang, qui pressaient le gouvernement d'appliquer la méthode à la branche maladie en adoptant un remboursement des soins à deux vitesses. Martine Aubry dut mettre le holà, mais le mal était fait. Malgré une réelle popularité (les sondages ont donné jusqu'à 60% d'opinions favorables à la mesure), le gouvernement se retrouvait institutionnellement isolé. Sa majorité menaçait