Menu
Libération

Dix mille manifestants samedi à Amiens contre le président de Picardie élu avec le FN. «Et si on passait Baur par-dessus bord?»

Article réservé aux abonnés
publié le 15 juin 1998 à 5h46

Amiens, envoyé spécial.

Tôt samedi matin, Hélène Jahan (88 ans) et Ginette Hirtz-Schlhof (77 ans) ont pris le volant. Direction Amiens, la ville où elles sont nées, où elles ont vécu avec le souvenir de ce frère résistant communiste arrêté en 1942, déporté à Auschwitz en 1943 et jamais rentré; celui des parents et de la grand-mère de Ginette, eux aussi disparus à Auschwitz. «Notre génération est la dernière à pouvoir témoigner de faits auxquels mon propre père ne voulait pas croire jusqu'à son arrestation», dit Ginette, femme élégante aux cheveux blonds tirés en arrière. A leur rythme, bras dessus bras dessous, elles cheminent dans les larges avenues résidentielles d'Amiens avec une dizaine de milliers d'autres manifestants.

A l'appel de l'association Picardie citoyenne, ils sont là pour participer à ces «12 heures de la fraternité» contre l'alliance passée par Charles Baur (ex-UDF) avec le FN pour diriger la région Picardie. «Contre le temps qui passe, la banalisation des idées et un pouvoir usurpé que nous n'accepterons jamais. Car Baur est habile. Sa politique est insidieuse, sans provocations; il a même fait voter aux élus FN des subventions pour le rock pour montrer que rien ne changeait», explique Myriam Bachir, universitaire. Les partis de gauche et les associations antiracistes sont là. Jean-Christophe Cambadelis, député PS et fondateur du Manifeste contre le FN, est accroché au bras de Maxime Gremetz, l'orthodoxe député PCF de la Somme. Michel Delebarre, président du