Dominique Voynet a senti le glissement: au bout d'un an de
gouvernement Jospin, les Verts ont l'humeur qui se dégrade. Réunis ce week-end en conseil national à Paris pour faire un bilan de la majorité plurielle et parler des européennes, ils ne changent rien à leur choix mais laissent échapper quelques mots qui ne trompent pas.
Mauvais points. La ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire a elle-même pris sa plume pour écrire sa version de l'année écoulée, puis le micro pour la dire. Elle n'est jamais déstabilisée tant elle fait sienne l'amertume de ses troupes. Car Dominique Voynet ne fait pas semblant de distribuer les mauvais points au gouvernement, elle cogne vraiment. Sur l'immigration: «Je souhaite bien du plaisir à ceux qui croient que le plus dur est passé. La présence de sans-papiers non régularisés est une énorme épine dans le pied du gouvernement.» Sur la chasse: «Et que dire d'une majorité qui, capable de tenir tête aux "sans (sans-papiers, sans-travail), perdrait ses moyens devant les déverseurs de choux-fleurs et les porteurs de fusils? Je l'ai dit dans les mêmes termes aux membres du gouvernement.» Et naturellement sur la réforme du mode de scrutin européen: «Le PS en mal d'hégémonisme tente une OPA. C'est bien mal nous connaître que d'imaginer pouvoir nous pousser au mariage alors que nous avons tout juste signé l'union libre avec un contraceptif puissant. Le problème, ce n'est pas seulement la représentation politique des Verts au Parlement