Lionel Jospin a-t-il peur des chasseurs? On dirait. Cette semaine,
les canards et les oies sauvages ont chaud aux plumes, mais le Premier ministre semble plus préoccupé par la conservation de l'espèce «porteurs de fusils», comme les appelle sa ministre de l'Environnement Dominique Voynet. Jeudi, les députés socialistes s'apprêtent à faire passer une proposition de loi sénatoriale venue des rangs UDF qui va permettre de «prélever» du gibier d'eau entre le 14 juillet et le 28 février. Un texte qui viole la directive européenne oiseau (lire ci-dessous) et qui consacre la puissance du lobby de la chasse. Et, sur le sujet, il y a bien deux discours à Matignon. Celui que Lionel Jospin a tenu à Dominique Voynet: «Ce n'est pas toi qui va t'opposer à ce texte mais le gouvernement.» Et son silence bienveillant à l'égard de la petite centaine de députés socialistes qui s'apprêtent à passer outre l'avis du gouvernement. Commentaire un rien embarrassé d'un conseiller du Premier ministre: «C'est une question suffisamment sensible pour que le groupe choisisse la liberté de vote et que le gouvernement s'incline.» Ainsi, seuls les chasseurs peuvent imposer une dérogation à la sacro-sainte discipline de vote des socialistes. Les derniers à l'avoir enfreint c'était lors du vote de la résolution du passage à l'euro ont reçu un blâme. Les «prochasse», eux, ne craignent rien, puisque le président du groupe, Jean-Marc Ayrault, va voter avec eux et que le bureau national du PS a donné son feu ve