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Libération

PS et PCF, chacun sa tactique face à Millon.En Rhône-Alpes, l'opposition systématique montre ses limites.

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publié le 20 juin 1998 à 3h59

Lyon envoyé spécial

C'est une lettre manuscrite, parmi environ 500 autres, arrivée au groupe socialiste du conseil régional Rhône-Alpes. Michaël F. parle de son «père ouvrier», de sa mère qui ne travaille pas. Et de son dossier de bourse d'études à l'étranger rejeté le 20 mai dernier, comme 3 322 autres, par la conjonction d'un vote négatif des élus de gauche et du FN de la région Rhône-Alpes. «Est-ce bien digne d'un socialiste de refuser une bourse de formation à un étudiant dans le besoin ?», interroge Michaël en conclusion de sa missive incendiaire.

Emoi. Au groupe communiste aussi, on exhibe volontiers le courrier reçu. Colère, incompréhension, émoi : la tonalité ne varie guère. Avec son DEA, Jean-Michel P., par exemple, s'apprêtait à partir dans une fac canadienne pour débuter une thèse. Ulcéré par une stratégie politique qui le pénalise et qu'il ne comprend pas, il estime que la gauche, par son vote sur ce dossier, fait au contraire le «bonheur de l'extrémisme, du racisme et de la xénophobie».

Trois mois après l'élection de Charles Millon avec les voix du Front national, la gauche rhônalpine est divisée sur la stratégie d'opposition à adopter à l'égard d'un exécutif jugé «illégitime et usurpé». Entre le PS qui souhaite maintenir «la digue étanche» avec Millon en rejetant tous ses projets et le PC qui ne veut pas endosser l'impopularité de ce genre d'attitude, l'heure est à la grandiloquence.

Refus de la «politique du pire» pour les uns (PC), rejet de la «stratégie du pire