La grande place de Fay-sur-Lignon, à l'heure du repas dominicale, est vide ou presque. Un Footix patiente près de la porte de la mairie, trois gamins coiffés de casquettes Mondial 98 jouent près de la fontaine à bestiaux. Deux Harley-Davidson brillent de tous leurs chromes sous le soleil. Fay-sur-Lignon est à une trentaine de kilomètres d'Yssingeaux, quartier général de l'équipe iranienne. Le village s'est mis aux couleurs du Mondial. «Ce n'est pas pour le commerce, pensez donc, en cette saison, il n'y a que les vaches des estives qui sont arrivées. Footix et les drapeaux, c'est seulement pour jouer le jeu, car ici on est bien encore en France», explique un adjoint à la mairie.
Les motos appartiennent à Eddy et Jim, des Américains qui boivent des bières à l'ombre du café Central. Ils viennent de Denver (Colorado), ont fait le voyage parce qu'ils ont eu des tickets pour Lyon. «Et comme Yssingeaux se trouvait sur la route, on s'était dit qu'on pouvait faire un détour pour voir les Iraniens. De vrais Iraniens, je veux dire.» Avec des barbes et des voiles? «Non, eux, on en a chez nous. Des Iraniens d'Iran. Mais on est arrivé trop tard.» Coups de klaxon. A Lyon, en cet après-midi caniculaire, les troupes iraniennes semblent les plus nombreuses. Des cortèges de Mercedes métallisées, de BMW et de Golf cabriolets ne cessent de sillonner les rues du vieux Lyon, klaxonnant, criant et tendant des drapeaux vert et blanc comme s'ils avaient gagné. De fait, ils ont doublement gagné: leur é