Toulon, envoyé spécial.
En mars dernier, un militant du Front national a obtenu qu'une exposition contre le racisme soit démontée d'une école de Toulon. L'établissement accueillait un bureau de vote pour les élections cantonales et l'expo risquait d'«influencer les électeurs». L'école s'est inclinée, mais, quelques jours plus tard, l'inspecteur d'académie est venu publiquement soutenir ses enseignants. Et le hall de la préfecture a accueilli les travaux de toutes les écoles sur le thème du racisme. Depuis l'élection de Jean-Marie Le Chevallier, en juin 1995, à Toulon, l'Etat jongle ainsi entre respect du suffrage et vigilance républicaine. En trois ans, comme l'ensemble de la ville, les fonctionnaires sont passés par trois phases bien distinctes.
Bouillonnement. Il y eut d'abord le choc. L'élection d'un maire Front national (37,02% des suffrages lors d'une triangulaire). «On a pris un putain d'électrochoc dans la tête», résume sèchement Philippe Arcamone, secrétaire fédéral du Parti communiste. Dans sa ville, en réaction, une multitude d'associations se créent spontanément. La plus importante, le Rassemblement des citoyens toulonnais pour la démocratie (RCTD), comptera jusqu'à 600 adhérents. Un Réseau citoyen fédère les nombreux cercles et associations. Deux journaux apparaissent. Don Quichotte, qui disparaîtra rapidement, et Cuverville, un mensuel d'information satirique très lu dans les administrations. Le bouillonnement administratif régénère la vie politique. En quelques m