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Libération

Où en sont les villes gérées par l'extrême droite (3). Marignane, la résistance en friche. Les rares opposants sont abandonnés par la gauche.

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publié le 24 juin 1998 à 4h16

Marignane, envoyé spécial.

Régulièrement, des leaders politiques, des responsables associatifs, des ministres, se posent à Marignane, le gros aéroport de la région. Descendent de l'avion, puis montent dans des voitures. Et filent vers Vitrolles, pour soutenir les opposants au maire Front national. En trois ans, aucun n'a trouvé le temps de faire un petit crochet pour encourager les militants qui luttent à Marignane (32 000 habitants) contre le FN Daniel Simonpieri. Ils ne sont pas nombreux. Des quatre villes gérées par le Front national, Marignane fait figure de sacrifiée. L'opposition se déchire, les associations s'étiolent. Et le maire, élu en 1995 à la faveur d'une quadrangulaire (37,27%, 155 voix d'avance), a gagné triomphalement le canton (63,9% des suffrages exprimés), trois ans plus tard.

Pas de vagues. Le vendredi 12 juin 1998, son équipe avait organisé un colloque sur le thème «Racisme antifrançais». Peu de participants dans la salle, guère d'opposants dehors: la date avait été soigneusement choisie. Ce soir-là, les footballeurs français jouaient contre l'Afrique du Sud leur premier match de Coupe du monde. A Marignane, le maire flatte les franges les plus dures d'une ville très à droite, mais sans faire trop de vagues. Il se permet même, très régulièrement, d'appeler la préfecture ou le parquet, pour s'assurer que ses actes administratifs sont bien conformes au droit.

L'extrême droite est à Marignane depuis un bail. Laurent Deleuil, maire (UDF-PR) depuis 1948, a su