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Libération

Où en sont les villes gérées par l'extrème droite (fin). A orange, le FN se fond dans l'ordinaire. Les ardeurs frontistes se libèrent, les habitants restent silencieux.

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publié le 25 juin 1998 à 4h18

Orange, envoyée spéciale.

Un vieux monsieur s'arrête et lit. Aux portes de l'hôtel de ville d'Orange, il y a un message: «La municipalité d'Orange adresse ses félicitations aux forces de l'ordre pour le bilan de leurs interventions depuis une semaine. Félicitations à la gendarmerie nationale pour avoir arrêté quatre jeunes la semaine dernière. Félicitations à la police municipale pour avoir fait de même. Félicitations" ["] On comprend mieux au vu de ce bilan pourquoi le ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, est si désireux de désarmer les polices municipales. Leur efficacité dans des villes comme Orange ne peut que mettre en échec le plan de déstabilisation des villes qui ne votent pas comme il faut.» La tête blanchie fait un mouvement qui ressemble à de l'approbation et poursuit son chemin.

L'habitude est là. Elle s'est installée à Orange, en alliée du Front national. Le Vaucluse-Matin du jour raconte l'inauguration par le maire FN, Jac-ques Bompard, de la nouvelle piste de skate-board et, à côté, le concert gratuit d'un chanteur en perte de vitesse, offert par la mairie dans le théâtre antique. La politique s'étiole, la vie quotidienne s'installe. Il n'y a, dit-on, pas maire plus rapide pour réparer un lampadaire ou boucher un trou sur la voie. La Provence, journal le plus lu dans la ville, a intenté un procès à la mairie pour injures envers ses journalistes. Mais les usages sont les usages. «Nous ne sommes pas là pour encenser la mairie ou pour la détruire. Ici,