Avec dix, trente, soixante ou cent vingt ans de retard sur la langue vivante couramment utilisée par les Français en général et les enfants des écoles en particulier, l'Education nationale vient de reconnaître par circulaire ministérielle qu'un être humain de sexe féminin chargé d'enseigner était «une» professeur. Le texte signé Claude Allègre et Ségolène Royal a été rendu public avant-hier. Le plus surprenant est qu'il provoque une petite révolution. Pas chez les élèves, qui n'ont pas attendu le feu vert administratif pour parler de «la prof», «la principale» ou «la proviseur», mais chez les académiciens.
Hier, dans les colonnes du Figaro, Maurice Druon, Jean Dutourd et quelques autres ont aussitôt pris leur plus belle plume pour défendre le pré carré de la noble Académie française et dénoncer «l'appropriation d'une fonction par la personne qui l'exerce», qui serait, estime le secrétaire perpétuel, «contraire aux principes d'égalité contenus dans la Constitution». «Depuis quand les ministres s'occupent-ils de la néologie?» s'indigne Druon, qui proclame que si «tout le monde se couche, la droite se couche, les académiciens ne se coucheront pas». L'Académie se réunira donc jeudi, pour saisir soit le Conseil d'Etat, soit le Conseil constitutionnel.
Pour Jean Dutourd, «cette histoire est un gadget, ce sont les effets de la polygamie de Jospin, qui est entouré de sultanes et qui, pour faire plaisir à son harem, relance une vieille idée». Une expression dont la goujaterie n'a pas m