Au PS, Hollande freine
Moi? Nooon!» C'est la réponse courante du socialiste pressenti pour tirer la liste PS aux européennes. Tous ont mieux à faire que de s'engager dans cette galère électorale, scrutin qui voit fleurir les listes sur le flanc gauche du PS, et qui autorise aux électeurs un vote défouloir sans risque. La dernière victime fut Michel Rocard, qui avec ses 14,49% en juin 1994, a dû mettre fin à ses ambitions nationales. Aujourd'hui, même la jospinomania ambiante ne dégèle personne.
Voilà pourquoi François Hollande trouvait tant de vertu à la réforme du mode de scrutin voulue par Jacques Chirac et Lionel Jospin: elle lui permettait de contourner la tradition qui veut que, faute de volontaire, c'est le premier secrétaire qui se dévoue. Sauf en 1989, où Laurent Fabius avait pris la tête de liste alors que Pierre Mauroy était premier secrétaire, ça a toujours été la règle. Le temps d'une réforme avortée donc, François Hollande a cru pouvoir échapper à son devoir. Et puis Lionel Jospin a dû renoncer à ses huit régions. Le premier secrétaire le regrettait hier devant le bureau national du PS: «La surprise n'est pas venue de la gauche mais de la droite, puisque le président de la République n'a jamais caché son intention de voir réformer ce scrutin. Le premier ministre a eu une attitude responsable.» Et d'ajouter, comme pour se donner du temps: «Depuis 1979, le Parti socialiste a toujours désigné ses candidats à partir du mois de mars.» De la tradition, François Hollande