Ils sont arrivés, il y a un an, à 251 pour faire la loi. Les députés
socialistes, majorité de la majorité, ont débarqué à l'Assemblée nationale telle une armée victorieuse. Il y avait ceux, une cinquantaine, qui ne faisaient que rempiler, fiers comme des fantassins qui jamais ne succombent. Une cinquantaine de battus de 1993 étaient de retour, qui juraient qu'ils ne se laisseraient pas emmener dans le mur une deuxième fois, sur le mode incantatoire: plus jamais godillot! Et les nouveaux tout beaux tout neufs, ou toutes neuves, qui se voulaient incarnation de la modernité politique. Tout ce petit monde s'est plus ou moins bien mélangé. «Les députés sont des gens simples. Tant qu'ils ne se font pas engueuler le week-end dans leur circonscription, ils vont bien», reconnaît un hiérarque socialiste.
On les a à peine regardés. Pleins feux sur les psychodrames de la droite, sur les états d'âme des écologistes et les refus à répétition des communistes; les socialistes bien-pensants et obéissants n'ont rien de gens imprévisibles. Leur cahier des charges est d'ailleurs connu d'avance, réexpliqué par Lionel Jospin à chacune de ses quatre visites: «Vous êtes là pour soutenir le gouvernement et défendre cette politique à laquelle ["] vous devez être étroitement associés.» Fort Fabius. Mais il y a eu des craquements, même s'ils furent vite étouffés par la discipline de vote. En bon socialiste, chacun y a cherché la marque fabiusienne, celle du rival, pour l'heure en veille. Il est vrai que